La longue agonie des archives suédoises de Saint-BarthélemyDe l'annexe du traité portant rétrocession de l'île de Saint-Barthélemy par la Suède à la France, signé à Paris le 31 octobre 1877, le Comité de Liaison Economique de Saint-Barthélemy (C.L.E.) n'aura jusqu'ici retenu que la première partie de son Article 3 : « La France succède aux droits et obligations résultant de tous actes régulièrement faits par la couronne de Suède ou en son nom pour des objets d'intérêt public ou domanial concernant spécialement la colonie de Saint-Barthélemy et ses dépendances. »; et pour cause: c'est bien là que se trouve la justification du statut d'exonération fiscale dont doit jouir « l'île par excellence »... préoccupation majeure s'il en est. Mais c'est pourtant sur la deuxième partie de ce célébrissime Article 3 que se penche aujourd'hui le Comité de Liaison et d'Application des Sources Historiques (C.L.A.S.H.): « En conséquence, les papiers et documents de toute nature relatifs aux dits actes qui peuvent se trouver entre les mains de l'administration suédoise, aussi bien que les archives de la colonie, seront remis au gouvernement français. » auquel il conviendrait, pour faire bonne mesure, de rajouter l' Article 4 de ce même protocole réglementant la rétrocession de l'île de Saint-Barthélemy à la France: « La reprise de possession de l'île de Saint-Barthélemy et de ses dépendances au nom de la France et la remise des titres et archives prévue par l'article précédent seront effectuées le plus tôt possible après l'échange des ratifications du Traité de rétrocession (...) ». Ainsi donc, le 16 mars 1878, les archives de l'administration suédoise de Saint-Barthélemy (1784/5-1878) furent-elles remises à la France en même temps que l'île et laissées sur place. Nul ne pourrait donc nier l'importance de ces précieux documents, connus de la postérité sous l'appellation de « Fonds Suédois de Saint-Barthélemy », l'un des plus importants fonds d'archives des Antilles de par son volume mais aussi probablement de par son contenu, et dont l'histoire à la fois énigmatique, “fascinante” mais chaotique qui vous est rapportée ici, n'a d'autre but que d'éviter que près de la moitié de ce fonds ne retourne poussière sans nous laisser plus de traces. -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
Les archives suédoises transportées en Guadeloupe plus de 50 ans après la rétrocessionNotre affaire commence peu de temps avant la « Grande Guerre ». Un arrêté du gouverneur de la Guadeloupe, Emile Merwart, daté du 2 septembre 1913, laisse entendre qu'une partie seulement des archives suédoises de Saint-Barthélemy avait été inventoriée. Le protocole franco-suédois ne stipulait d'ailleurs nullement que tous ces documents devaient être remis classés avec leur inventaire: un oubli si ce n'est une erreur. Un fonds d'archives aussi dense et complexe, contenant des documents dans trois langues (anglais, français et suédois, approx. à tiers égal), sans inventaire: voilà un véritable cadeau empoisonné! Reprenant mot pour mot les termes du protocole de rétrocession, « actes régulièrement faits par la couronne de Suède ou en son nom pour des objets d'intérêt public ou domanial », « papiers et documents de toute nature relatifs auxdits actes », le gouverneur de la Guadeloupe n'est manifestement pas parvenu à faire la part des pièces qui lui ont été présentées lors de sa visite à Saint-Barthélemy. L'administration suédoise y aurait-elle laissé plus que convenu? Il fut ainsi ordonné que les archives soient rangées, inventoriées et conservées sous clef au tribunal de Gustavia. Mais où étaient-elles jusqu'alors entreposées? En mairie de Gustavia? en ce cas, pour partie seulement, car inlassablement, chaque année depuis 1901, l'« Annuaire de la Guadeloupe » mentionne à la rubrique «Archives notariées»: « M. (...) est dépositaire des minutes de l'administration suédoise de MM: (...). Beaucoup de ces minutes sont très avariées. ». Les instructions de M. Merwart donnèrent-elles lieu à un quelconque travail de la part d'une quelconque commission désignée par lui-même? Aucune trace écrite n'a, à ce jour, été retrouvée... L'année 1932 va marquer un premier tournant majeur dans l'historique de ce fonds d'archives. Malheureusement les documents afférents à cet épisode n'ayant non plus été retrouvés, nous ne pouvons mieux faire que de se référer au seul témoignage existant1. C'est ainsi que le « head of the judicial authority in Guadeloupe » (à priori: le procureur général, chef du service judiciaire de la Guadeloupe) se rendît en visite à Saint-Barthélemy. Dès son retour à Basse-Terre, il aurait écrit une lettre à l'attention du juge de paix de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, datée du 11 février, dans laquelle Il ferait part de son étonnement d'avoir appris que «les très importantes archives de l'ancienne administration suédoise» se trouvaient encore à la mairie de Gustavia, et lui enjoignant de se mettre en rapport avec le maire de Saint-Barthélemy, le docteur Stephan Tara, pour que les archives suédoises soient transférées en Guadeloupe. -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
De « la salle des archives de Basse-Terre » à « la caserne d'Orléans »Il est alors impossible de savoir ce qu'il advint au juste des précieux documents! Bien plus tard, en 1974, l'archiviste suédois Björn Lindh mentionnera un inventaire provisoire du fonds datant de l'année 1932... L'arrêté préfectoral du 23 août 1951, en application du décret de 1947 étendant aux départements français d'outre-mer la législation métropolitaine en matière d'archives, sonna la création des « Archives départementales de la Guadeloupe ». Il leur fut attribué les locaux d'une ancienne caserne militaire, la « Caserne d'Orléans », et c'est donc là, juste en arrière de la préfecture de Basse-Terre que fut finalement stocké le Fonds Suédois de Saint-Barthélemy. Malheureusement, en 1955, un court-circuit mit le feu au bâtiment. Les archives de la Guadeloupe, peu épargnées jusque là, furent ainsi une nouvelle fois touchées; il existe d'ailleurs désormais en Guadeloupe un fonds d'archives baptisé « Fonds de “l'incendie de 1955” ». Cependant, la plupart des fonds échappèrent aux flammes, mais malheureusement pas à l'eau que projetèrent les pompiers afin de circonscrire l'incendie, et le séchage durera paraît-il plusieurs années3. Pour le reste, l'interprétation de nos “re-découvreurs suédois” 4 laisse quelque peu pantois: s'agissant du Fonds Suédois, des cabris se seraient en effet délectés de quelques contrats de mariage ou autres ordonnances royales du 18ème siècle lorsque les documents furent éparpillés au soleil autour de la caserne! Les documents furent alors de nouveaux emballés, attachés et rangés, le classement initial a t-il une nouvelle fois été modifié? Les feuillets auraient par ailleurs subi au préalable une petite pulvérisation de dichlorodiphényltrichloroéthane pour les préserver des insectes, DDT qui finira par se durcir dans le temps et abîmer plus encore le papier fragile5. Il conviendrait aussi d'évoquer le taux d'humidité ambiante très élevé dans cette région tropicale du monde et qui n'aura probablement pas eu une action des plus bénéfiques dans des locaux mal aérés. Le Fonds Suédois de Saint-Barthélemy aurait donc, lui aussi, les mêmes ennemis que l'homme: le feu, l'humide, les bêtes, le temps et… son propre contenu? -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
Un couple de journalistes suédois retrouvent de nouvelles archives à Saint-BarthélemyLorsque le journaliste américain, d'origine suédoise, Rolf Lamborn embarque de Miami en février 1961, avec son épouse Florence, pour le Surinam, l'objet de leur étude est, pour quelques mois, les «Bush Negroes», ces descendants d'esclaves qui ont maronné vers les forêts intérieures de l'Amérique du Sud fin 17ème début 18ème siècle. Profitant de l'opportunité qui leur était offerte par les compagnies aériennes d'alors, ils ont programmé pas moins de 16 escales sur leur itinéraire à travers les îles antillaises. Leur voyage va s'arrêter dès leurs premières étapes, et pour longtemps, faute à une petite île oubliée de la Mer des Caraïbes, ex-possession suédoise. De Saint-Martin, M. Rémi de Haenen les déposera à Saint-Barthélemy où leur principal intérêt était de retrouver les traces de leur mère patrie. Comme à tous ceux, officiers des navires de guerre suédois de passage, qui avaient avant eux posé la question sur demande expresse de leur autorité, il leur fut répondu en mairie s'agissant des archives, qu'il ne restait ici qu'une carte endommagée de Gustavia, quelques ordonnances des premiers gouverneurs suédois et le cadastre, mais que pour le reste : tout avait été transféré en Guadeloupe où tout avait été détruit par un incendie soit que tout était de toute façon perdu. En Guadeloupe ils décidèrent quand même de mener leur petite enquête sur ces archives disparues; Et L'archiviste Maurice Nicholas, tout fraîchement débarqué de Martinique avec pour mission de remettre un peu d'ordre dans le chaos dans lequel se trouvaient les archives de Guadeloupe depuis plusieurs années, les conduira vers une grande salle sombre de la « Caserne d'Orléans » où naguère les soldats retrouvaient leurs lits de camp 6. Voilà donc comment, en 1961, les archives suédoises de Saint-Barthélemy allaient ressortir quelque peu de l'ombre où elles étaient plus ou moins plongées depuis 1878. Mais, “oh surprise!”, les quelques 200'000 feuillets (?) “re-découverts” dans les 265 liasses qui représentaient environ 23 mètres de linéaires d'étagères7 n'étaient en réalité qu'une partie du Fonds Suédois de Saint-Barthélemy, car l'autre partie se trouvait toujours… à Saint-Barthélemy! Dans le « Journal Catholique de la Guadeloupe », Clartés, le Père Le Gallo écrit en juillet 1953: « Témoins du passé: (...). La mairie actuelle, (...). Plus loin, dans le même style trapu, s'élève le palais de Justice qui conserve dans des armoires vermoulues les archives de tout un siècle « d'histoires » . ». Casimir Le Gallo8, qui a officié plusieurs années à l'église de L'Orient, l'une des deux paroisses que compte Saint-Barthélemy, est, depuis, curé de Vieux-Fort, juste au sud de Basse-Terre. Si il ne savait peut-être pas encore qu'une partie des archives suédoises avait été transférée en Guadeloupe en 1932, il savait en revanche qu'un certain nombre de documents suédois se trouvaient encore à Gustavia, dans le « tribunal », « one of the only two Swedish government buildings still preserved »9; et c'est lui qui va mettre les Lamborn sur cette voie: « the documents at Saint Bartholomew (...) “No, I didn't mean those” in the town hall (...) “I meant those in the court house” »10. Ce sont quelques 150 liasses11, 75'000 feuillets supplémentaires (?) qui seront retrouvés là en février 1962, sous poussières et excréments de ravets, puis aussitôt expédiés en Guadeloupe avec, paraît-il, d'autres documents datant d'avant la période suédoise12. La raison de cet « oubli » serait fort simple: ces documents étaient sous la juridiction du juge et donc en dehors du contrôle de la municipalité; le juge, qui siégeait à Marigot (Saint-Martin), ne venait qu'exceptionnellement à Saint-Barthélemy, le bâtiment restait pratiquement tout le temps fermé, et personne n'aurait jamais vraiment porté attention à ce qui s'y trouvait13...Il n'y aurait eu néanmoins aucune logique de classement dans ce stockage, puisqu'auraient été retrouvés dans le tribunal de Gustavia des “Procès-verbaux du Conseil de finance” et autres “Procès-verbaux du Conseil de justice” correspondants aux dernières années d'administration suédoise tandis que ceux qui correspondaient aux années précédentes se trouvaient déjà en Guadeloupe. -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
Un nouveau classement, c'est un nouveau mélangePendant de longues semaines le Fonds Suédois de Saint-Barthélemy ainsi réuni fera l'objet d'un nouveau classement. Il sera désormais constitué, et de façon définitive jusqu'à aujourd'hui, de 327 liasses (dont 114 pour les seuls “Procès-verbaux de Justice”) numérotées de 1 à 325 avec deux numéros bis; chaque volume contiendrait entre 800 et 1000 feuillets14. À force d'avoir été séparé, classé et reclassé, il faut aussi comprendre que le fonds n'a maintenant plus la même valeur qu'à l'origine : une certaine logique de l'administration suédoise est définitivement perdue. Mais il s'agit dorénavant pour les suédois de trouver les moyens de mettre ces documents à disposition du public. M. Lamborn avoue cependant qu'un important travail reste encore à faire avant que ces archives puissent faire l'objet d'un microfilmage. Les Archives Nationales de Suède: « Riksarkivet », par la voix de leur directeur, le Dr Ingvar Andersson, exprimeront très vite le souhait que celui-ci soit accompli et une subvention de 10 000 couronnes suédoises fut par ailleurs versée dans ce but par la fondation « Gustav VI Adolf 80's birthday », aux noms de M. Rolf Lamborn et des Riksarkivet, le 27 mars 1963. Rolf Lamborn souhaite alors que cette subvention soit complétée afin qu'il puisse assurer lui-même le microfilmage qui, selon lui, devrait prendre 8 mois et pour lequel il s'estime le mieux placé étant donnée sa bonne connaissance du Fonds Suédois de Saint-barthélemy. Mais le retour des Lamborn aux Archives départementales de la Guadeloupe ne serait pas vraiment souhaité et d'ailleurs il n'eut jamais lieu: leur directeur jusqu'en 1994, M. Jean-Paul Hervieu, se souvient qu'à sa prise de fonction en 1964 son personnel n'avait pas une grande estime du couple suédois; M. Brändström porte même des accusations encore plus directes: des documents de grande valeur portant le sceau royal suédois auraient tout bonnement disparu et certains auraient même fait leur réapparition sur le marché noir! Où est la “vérité”? Toujours est-il qu'en 1967 aucun microfilmage du Fonds Suédois n'aura encore été entrepris tandis, qu'en 1965, M. Andersson exprimait tout son espoir de voir un jour se présenter l'opportunité de sa mise en œuvre, en accord avec les Archives de France15. M et Mme Lamborn continueront pour leur part de collecter copies des archives concernant Saint-Barthélemy à travers le monde, et en 1985 feront le dépôt privé aux Archives Nationales de Suède d'une conséquente collection de 126 volumes. -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
Les découvertes ne valent que ...Comme pour donner plus de résonance encore à la “re-découverte” des archives suédoises, le directeur des Archives Nationales de Suède, M. Ingvar Andersson, comme Rolf Lamborn, a mentionné un dénommé Charles H. Robequain qui a visité l'île de Saint-Barthélemy en Juillet-Août 1947 avant de publier un article intitulé « Saint Barthélemy, terre française » en 1949 et ont fait remarquer que le géographe français avait recherché en vain le Fonds Suédois en Guadeloupe: « Les archives conservées autrefois à la mairie de Gustavia auraient été transportées à la Guadeloupe, je n'en ai pas retrouvé trace dans cette île. »16... Rétrospectivement, il se trouve tout de même cette petite note en bas de page 859 du chapitre consacré à Saint-Barthélemy dans le tome 2 de l'ouvrage « La Guadeloupe » par M. Guy Lasserre: « Aux Archives départementales de Basse-terre, existent de nombreuses liasses suédoises. Nous devons à M. Fortuné d'avoir pu les consulter en 1948, sans d'ailleurs pouvoir en tirer profit, par ignorance de la langue suédoise. Nous avons émis un vœu auprès du Service des Archives pour que ces documents soient transférés aux Archives nationales où des historiens familiarisés avec le suédois pourraient les dépouiller »17; cette thèse a été publiée à Bordeaux en 1961, l'année même où le couple Rolf et Florence Lamborn a donc “re-découvert” les archives de Saint-Barthélemy. -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
Un premier microfilmage en GuadeloupeLa question du microfilmage en était donc à ses premiers balbutiements lorsqu'en 1967 un jeune chercheur universitaire suédois, sus-cité Dan Brändström, eut l'idée d'étudier et de microfilmer les précieux documents. À 26 ans, il venait en réalité de remporter un concours axé sur Saint-Barthélemy, dans la région du Västerbotten au nord de la Suède, et qui lui octroyait la possibilité de mettre en œuvre son projet sur trois semaines. Il débarqua donc bille en tête et fleur au fusil à Basse-Terre avec tout son équipement, mettant ainsi tout son petit monde devant le fait accompli. Il s'ensuivit un échange de lettres entre le directeur général des Archives Nationales de Suède, M. Kromnow, le directeur général des Archives de France, M. Chamson, et le directeur des Archives départementales de la Guadeloupe, M. Hervieu, où M. Kromnow demanda l'autorisation pour ce microfilmage, tandis qu'en octobre le travail commençait et Dan Brändström reçut même l'aide d'un jeune Saint-Barth alors âgé de 17 ans, Yves Gréaux. Ce sont les documents concernant l'esclavage qui motivaient avant tout son intérêt mais se retrouver devant la complexité d'un linéaire de 32 mètres de liasses insuffisamment classées18 se révéla vite être un handicap insurmontable, surtout dans le délai de temps imparti. De retour au pays, ayant laissé sur place en Guadeloupe le matériel de microfilmage, avec l'aval de la société auprès de laquelle il avait pu le louer à moindre frais, il fit paraître plusieurs articles dans les journaux locaux. Outre la présentation du fonds et de quelques facettes historiques tel le système scolaire à Saint-Barthélemy à l'époque suédoise19, il y sera surtout question de sensibiliser l'opinion à la poursuite du microfilmage des documents qu'il avoue avoir trouvés en bien meilleur état qu'il ne l'imaginait20 21. Un appel sera également lancé pour que soit accordé dès le printemps de l'année suivante, à un boursier spécialisé en histoire, l'opportunité de se rendre en Guadeloupe pour mener à terme le classement des documents, en particulier ceux de langue suédoise; préalable sine qua non à toute étude et au microfilmage. Le directeur des Archives départementales de la Guadeloupe, M. Jean-Paul Hervieu, continuera de son côté pendant un temps le microfilmage, 9 bobines de microfilms d'environ 600 clichés chacunes furent au final réalisées et remises aux Archives Nationales de Suède avec copie en Guadeloupe. Des registres paroissiaux de l'église luthérienne contenus dans les volumes 287, 290 et 291 (série E pour Etat-civil) constituent ainsi un premier microfilm; les recensements des volumes 292 et 293 (série PO pour Population) forment 2 microfilms; de même pour les volumes 285 et 286 (série ES pour Esclavage) contenant des actes d'affranchissements et les documents relatifs à l'abolition; 3 microfilms sont constitués de pièces du tribunal contenus dans les volumes 136 et 138 (série PJT pour Procès-verbaux de Justice - Tables des matières); le dernier microfilm est d'abord composé d'un Registre des ordonnances des gouverneurs suédois (1785-1806): ce registre a fait l'objet d'une restauration à Paris en 1978 mais ne fait plus partie du Fonds Suédois de Saint-Barthélemy, il appartient à la série 4 E dépôt (archives communales déposées) des Archives départementales de la Guadeloupe. La deuxième partie du dernier microfilm serait composée du « Bureau des Bienfaisance (Fonds des Pauvres Emancipés, Fonds Stephen Atwater 1858) »: où se trouvent donc les originaux de ces documents? ils ne sont pas signalés sur l'inventaire du Fonds Suédois de Saint-Barthélemy et ne se trouvent pas en Guadeloupe: nous y reviendrons... Bien que les Riksarkivet aient débloqué la subvention de la Fondation Royale, sur demande expresse de M. Rolf Lamborn, le microfilmage n'ira pas plus loin et M. Brändström dut rapatrier en Suède, et à ses frais, les 200 kilos de matériel au printemps 1968. Dan A. Brändström, directeur du Riksbankens jubileumsfond (The Bank of Sweden Tercentenary Foundation) jusqu'en fin d'année 2006 où il a pris sa retraite, va alors, en temps que président de l'association suédoise S:t Barthélemy Sällskapet (la Société de Saint-Barthélemy), œuvrer pour une collecte de fonds devant être versés aux Archives Nationales de Suède afin de mener à terme son projet initial de microfilmage en collaboration avec les Archives de France. M. Yves Gréaux a lui aussi fait son bout de chemin puisqu'il a été élu le 15 juillet 2007 1er vice-président du conseil exécutif de la nouvelle Collectivité d'outre-mer de Saint-Barthélemy, tout particulièrement chargé de la gestion des questions relatives aux archives de l'île... -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
Le fonds suédois envoyé en France pour un nouveau classement et la reprise du microfilmageEn 1968 M. Jean-Paul Hervieu écrit au sujet du Fonds suédois de Saint-Barthélemy: « Un classement définitif et un microfilmage systématique sont à l'étude, à la suite d'une demande adressée par la direction des Archives royales de Suède à la direction des Archives de France »22. C'est probablement dans ce cadre qu'en décembre 1967 les Archives départementales de la Guadeloupe avaient reçu la visite de M. Gandilhon, conservateur en chef des Archives de France, chargé de mission d'inspection, et qui concluait dans son rapport: « …il semble inopportun de laisser microfilmer en son état actuel le fonds de Saint-Barthélemy, mais utile pour la France d'en assurer classement et inventoriage, par envoi aux Archives nationales. », confirmant ainsi l'avis de M. Hervieu qui avait eu la démonstration de l'inconvénient d'étudier et de microfilmer ces documents mal classés et sans inventaire. Le vœu émis par M. Guy Lasserre allait donc se réaliser. Une décision préfectorale en date du 31 janvier 1968 statua, paraît-il, sur le transfert des archives vers la France. Mais ce n'est qu'en 1971 que M. Hervieu fit embarquer le Fonds Suédois de Saint-Barthélemy, dans 11 grandes caisses de bois, à bord du croiseur porte-hélicoptères Jeanne d'Arc en direction de Brest. Il aurait été tout d'abord question de le déposer au Centre Culturel Suédois à Paris, seule représentation à l'étranger de l'Institut Suédois de Stockholm, mais suite au changement de directeur des Archives de France, M. Duboscq ayant remplacé M. Chamson, le fonds fut finalement transféré au Dépôt des archives d'outre-mer à Aix-en-Provence après quelques mois d'errance en Bretagne. Ce furent en fait les premières archives en provenance des Amériques à être entreposées à Aix-en-Provence car le Dépôt des archives d'outre-mer, qui deviendra plus tard le Centre des Archives d'Outre-Mer, ne contenait alors que des pièces des colonies françaises en Afrique; les autres archives d'outre-mer étant habituellement déposées à la Section Outre-mer des Archives nationales (ANSOM), rue Oudinot à Paris. L'année suivante, en 1972, la Direction des Archives de France demanda à son homologue suédois de nommer un archiviste de langue suédoise afin d'effectuer classement et inventaire. C'est M. Björn Lindh, malheureusement décédé en août 2006, alors conservateur aux Archives de Lund, qui sera désigné; « avec l'aide financière de la “Fjetterströmska Foundation” (en principe créée pour promouvoir les recherches au sein des archives régionales suédoises) »23, il remet la traduction française de son répertoire numérique en 1973. Le microfilmage aurait débuté la même année, aux frais du Dépôt des Archives d'outre-mer selon information du Service Archives nationales d'outre-mer de la Direction des Archives de France, et des copies seront livrées à titre onéreux aux Archives Nationales de Suède. Il semble aujourd'hui impossible de savoir avec précision ce qu'il est finalement advenu de la subvention des 10'000 couronnes suédoises, cependant le sentiment général aux Riksarkivet est qu'elle aurait été versée en France à la société chargée du microfilmage; donc à priori au Dépôt des Archives d'outre-mer lui-même, qui réalise ses travaux de microfilmage en interne parfois avec l'aide du Centre national du microfilm hébergé à Espeyran dans un bâtiment construit pendant la guerre froide aux normes anti-atomiques. Mais ce qui est sûr en revanche, et là justement où le bât blesse, c'est que le Fonds Suédois de Saint-Barthélemy ne sera pas microfilmé dans son intégralité pas plus d'ailleurs qu'il ne sera ré-expédié en Guadeloupe en dépit de la promesse qui avait été formulée par le précédent directeur des Archives de France, M. Chamson, au directeur des Archives départementales de Guadeloupe, M. Jean-Paul Hervieu. 149 volumes sur les 327, soit près de la moitié du fonds, ne seront jamais microfilmés à Aix-en-Provence! Et comble de cette aventure: le Fonds Suédois de Saint Barthélemy est aujourd'hui strictement interdit à la consultation! Que s'est-il donc passé? Comment en est-on arrivé là? Nul ne sait! -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
Un microfilmage partiel faute de financementEn juin 1973 paraissait dans le petit journal bilingue de notre ami américain Henry Porter « Les Amis de St. Barth » ce petit encart: « La société suédoise microfilme des archives », il est question de gros sous, le microfilmage de la totalité du fonds est estimé de 30 à 40'000 couronnes suédoises (7'500 - 10 000 US$ de l'époque…1973), la S:t Barthélemy Sällskapet disposant d'ores et déjà d'environ 4000 US$ espère trouver des donateurs privés désirant souscrire à ce projet qui devrait demander 6 mois de travail étant donné l'état de nombreux documents endommagés par l'eau24. Le rapport d'activité de l'association édité pour l'année 1974 n'en dit pas plus sur le sujet sinon que le directeur du Dépôt des archives d'outre-mer, M. Boyer, et le directeur des Archives Nationales de Suède, toujours M. Kromnow, ont tous deux été alertés sur le fait qu'une cinquantaine de documents ayant disparu du fonds se retrouveraient à présent en circulation, entre autre à Stockholm, à un prix de 500 à 1000 couronnes / pièce25... En juin 1975, encore par « Les Amis de St. Barth », on apprenait que le microfilmage du Fonds Suédois suivait son cours, pour un coût global s'élevant finalement à 5000 $ US, que la Société de Saint-Barthélemy se félicitait d'avoir collecté parmi ses membres et amis, dont 400 $ US provenant des membres de l'hémisphère Ouest, qu'elle remerciait : le microfilmage allait se terminer au cours de cette année 1975 et les copies de ces microfilms allaient être conservées aux Archives Nationales de Suède où il y aurait là matière à une dizaine de dissertations doctorales concernant l'histoire de Saint-barthélemy26. Que s'est-il donc passé? Comment en est-on arrivé là? Nul ne sait! -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
Un fonds d'archives dans un état de conservation incertainSelon M. Jacques Dion du Service Archives nationales d'outre-mer de la Direction des Archives de France « le microfilmage se sera effectué dans des conditions difficiles et au détriment d'autres tâches tout aussi urgentes. (...) L'archiviste [Björn Lindh] a noté: “Impossibilité de restaurer certaines liasses. En effet leur papier semble avoir subi une évolution chimique telle qu'il combat l'action de l'acétone”. ». Le Tome III (Marine et Outre-mer) de l'État Général des Fonds édité en 1980 par les Archives Nationales précise en outre que « l'état de dégradation du papier et des encres, conséquence du climat tropical, déconseillant le retour à la Guadeloupe de ces documents fragiles, les Archives Nationales les ont accueillis dans leur dépôt d'Aix-en-Provence ». Le Centre des Archives d'Outre-Mer (CAOM, devenu ANOM [Archives nationales d'Outre-mer] depuis le 1er janvier 2007) qui conserve donc « provisoirement » ces archives de l'île de Saint-Barthélemy, comme stipulé noir sur blanc sur l'inventaire des microfilms proposé au public, fût inauguré à Aix-en-Provence en 1966; une implantation qui s'inscrivait dans une dynamique de recherches tandis que se construisait en parallèle un pôle universitaire avec un important secteur Sciences Humaines. Ce n'est que vers la fin des années 80 qu'y furent transférées les archives des “Amériques” en provenance de la Section Outre-mer rue Oudinot. Toujours selon le Service Archives nationales d'outre-mer « Il semble aujourd'hui que les Archives de France ont su préserver un fonds dont l'état initial était et reste préoccupant mais en tous cas stabilisé. » Il n'en reste pas moins aussi que les Archives de France se montrent aujourd'hui plutôt discrètes sur certains passages de l'historique du Fonds Suédois et notamment sur son financement et surtout les raisons pour lesquelles le microfilmage sera resté inachevé. Voilà comment les Archives de France décrivent désormais les originaux des 327 liasses qui constituent le fonds d'archives: « extrêmement fragiles: papier cassant et noirci, encre acide. Actuellement, le maniement des liasses est quasi impossible. Seul un important travail de restauration (long et coûteux) permettrait de reprendre le microfilmage. ». L'archiviste suédois Björn Lindh, celui-là même qui a “finalisé” le classement et l'inventaire du fonds à Aix-en-Provence n'a t-il pas écrit en 1974: « Ceci dit, on peut dire d'une manière générale au sujet de ces archives que seuls quelques documents isolés ont besoin d'une restauration avant d'être microfilmés. »? M. Lindh précise aussi que « le microfilmage des éléments importants est au moins prévu (...). Les séries de Procès-verbaux et les séries concernant les inventaires et successions des propriétés ont à cet égard été classées prioritaires »27... -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
De nombreux chercheurs, de tous horizons et de toutes disciplines à l'assaut du fonds suédois de Saint-BarthélemyLe Fonds Suédois de Saint-Barthélemy va néanmoins attirer son lot de chercheurs. En 1998, les linguistes Louis-Jean Calvet et Robert Chaudenson exprimeront leurs regrets de ne plus avoir accès aux 2 volumes de la série PO désormais interdits à la consultation au Centre des Archives d'Outre-Mer29: ils ignorent manifestement que ces volumes ont été microfilmés en Guadeloupe. Et de toute évidence: les différents services qui se sont succédés à Aix-en-Provence, avec eux. Si tel n'était pas le cas, les volumes 285 et 286 de la série ES (esclavage) n'auraient sans doute pas été microfilmés une deuxième fois, et une copie des 9 bobines de microfilms réalisées en 1967 aurait probablement été commandée aux Archives Départementales de la Guadeloupe voire aux Archives Nationales de Suède, à plus forte raison par un centre d'archivesqui a la charge de la conservation d'un fonds dont il a pris la décision d'interdire la consultation des originaux. Dans une présentation datant de 2003, le professeur universitaire d'Umeå (Suède) Rolf Sjöström écrit que « De grandes parties du fonds sont malheureusement en piteux état. Un des volumes d'archives ne fut accessible que grâce à la complaisance particulière de la direction des archives, tandis qu'un autre volume clé se révéla inexploitable, car le document était en train de se désagréger en petits morceaux [volume D 300]. Il conviendrait d'entreprendre rapidement quelque chose pour les restaurer et les mettre sur microfilm. Ce n'est pas l'intérêt qui manque, mais il est difficile de trouver quelqu'un qui veuille bien payer. ».30 M. Sjöström s' intéressait au cas de Saint-Barthélemy dans le cadre d'un projet mené entre 1993 et 1999 et baptisé « Utbildning och kolonialism: Svenska undervisningsprojekt i Torne Lappmark och Nya världen på 1700- och 1800 talen » [Education et colonialisme : projets scolaires suédois en Laponie et dans le nouveau monde au 18ème et 19ème siècles]. Au contraire de MM. Lamborn, Brändström ou Lindh, M. Sjöström n'a pas eu accès à l'intégralité du Fonds suédois. C'est en 1993 qu'il tenta d'accéder à ce volume D 300; un an plus tard il adressera une demande écrite au Centre des Archives d'Outre-Mer, formulant le souhait que ce volume soit restauré afin de le rendre accessible sur microfilm et demandant une estimation du coût de cette opération tout en précisant que si les Archives Nationales de Suède ne souhaitaient pas y contribuer financièrement, «The Bank of Sweden Tercentenary Foundation» (M. Dan Brändström!) lui avait donné une réponse favorable: sa lettre resta sans réponse. En 2006, M. Erik Norberg, ancien directeur général des Archives Nationales de Suède, dresse un panorama des documents d'archives relatifs à la période suédoise de Saint-Barthélemy31, le Fonds Suédois est cité dans son intégralité sans aucune mention des restrictions qui s'appliquent actuellement à sa consultation; ceci peut surprendre lorsqu'on sait que M. Norberg fut jusqu'en 2003, président du Comité national suédois du programme de l'UNESCO « Mémoire du monde » ... -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
Un inventaire dressé par un archiviste suédois missionné par les Archives de France et des incohérence"Nous y reviendrons" 2 fois... Nous y revenons donc: voici l'inventaire non détaillé du Fonds Suédois de Saint-Barthélemy. Tout d'abord il faut noter que l'inventaire provisoire de M. Björn Lindh classe les volumes 281 à 284 sous le code DT pour « Défense du Territoire », tandis que dans l'inventaire proposé les volumes 283 et 284 apparaissent dorénavant sous un nouvel intitulé: série AGE pour « Administration Générale et Économie » depuis une feuille volante intitulée « modifications à la page 9 de l'Inventaire provisoire »... doit-on en conclure que l'inventoriage n'est pas encore tout à fait terminé? Bienfaisance (Fonds des Pauvres Emancipés, Fonds Stephen Atwater 1858) » que nous cherchions plus tôt, et qui n'est manifestement à ce jour inventorié nulle part...? -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
11 registres de retour de WashingtonMais l'histoire du Fonds Suédois de Saint-Barthélemy ne s'arrête pas là... C'est en effet au détour du récent « Guide des sources de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions » publié en 2007 par la Direction des Archives de France qu'elle renaît publiquement; non que le fonds y soit intégralement cité en référence page 272 sans qu'il soit par ailleurs précisé que près de la moitié des volumes ne soient en aucune manière consultables34 [ce qui au passage est plutôt incongru quand on sait par exemple que les 58 cartons de la série M, pour "Manifestes", non consultables, et qui n'ont en outre jamais encore été étudiés par le moindre chercheur, renferment probablement plusieurs voyages de traite... et alors même que l'article 2 de la loi n°2001-434 du 21 mai 2001 stipule que "la coopération qui permettra de mettre en articulation les archives écrites disponibles en Europe avec les sources orales et les connaissances archéologiques accumulées en Afrique, dans les Amériques, aux Caraïbes et dans tous les autres territoires ayant connu l'esclavage sera encouragée et favorisée" : à s'en demander qui articule ?!], mais que pages 269 et 270, il soit indiqué que 11 registres d'archives suédoises provenant de Saint-Barthélemy figurent dans un fonds conservé aux Archives Départementales de la Guadeloupe: le Fonds du Tribunal de commerce et des prises de Basse-Terre [sous série 2L]. Ces registres contenant « plusieurs actes relatifs à des armements de navires dont certains sont faits pour la traite ainsi que de nombreuses autres notations relatives à l’esclavage »35 avaient été expédiés à Washington à la « Légation de la République Française aux Etats-Unis » en 1886 ou 1887. Ils avaient donc été collectés directement au tribunal de paix de Gustavia à Saint-Barthélemy, quelque temps après la rétrocession de l’île à la Suède, peut-être repérés par un dénommé Somerville Pinckney Tuck alors chargé par Washington de rechercher toutes les pièces d’archives relatives aux prises américaines faites par les corsaires guadeloupéens entre 1794 et 180136. Ce transfert faisait en effet suite aux dédommagements des marins des bâtiments (neutres) américains réclamés par le gouvernement des Etats-Unis à partir de 1831 conséquemment aux attaques des corsaires, notamment armés par Victor Hugues trente cinq ans plus tôt durant la « quasi-guerre »; l’affaire traînant en longueur, le greffier en chef du tribunal de Basse-Terre, M. Léon Belmont, avait reçu ordre du Ministre de la Marine et des Colonies d’expédier directement à Washington, et ce pour une durée théorique de deux ans, les documents originaux rassemblés depuis en son tribunal, dont ces 11 registres, « pour faire bonne mesure»37 comme écrit aussi dans le Guide38 mais plus sûrement en raison du rôle joué par Saint-Barthélemy pendant la période révolutionnaire aux Antilles et des relations entretenues par Victor Hugues avec les gouverneurs suédois Bagge et Trolle, et son délégué sur place : Balthazar Bigard (consul de la République). Ces documents oubliés, redécouverts à l’ambassade de France à Washington, avaient été transférés vers Paris au Centre Historique des Archives Nationales en 1958 grâce aux démarches de Mme Ulane Bonnel39, retrouvés ensuite «par un conservateur de la section ancienne au milieu des fonds marine»40 puis finalement renvoyés en Guadeloupe, à Bisdary (Gourbeyre): nouveau siège des Archives départementales de la Guadeloupe, entre 1986 et 1988 à la demande de leur directeur, M. Jean-Paul Hervieu. Ces 11 registres le plus souvent estampillés «Actes Notariels» font partie des documents appartenant au Notaire Public, complétant ainsi la série "NP" du Fonds Suédois de Saint-Barthélemy, ils sont répertoriés 2L 196 à 206 bien que le « Répertoire numérique de la sous série 2L » annoncé « (à paraître) »41 42 ne soit pas encore paru; mais malheureusement ces documents, « considérablement fragilisés », voient aujourd'hui leur consultation « strictement encadrée »43; si bien que, et contrairement à l'assertion de Mme Hélène Servant, directrice des Archives Départementales de la Guadeloupe jusqu'à fin 2007: « Pour l'archiviste que je suis, c'est un plaisir de voir ainsi mise en valeur une partie des collections dont le département de la Guadeloupe m'a confié la gestion. Ce patrimoine est à la disposition de tous (...) »44 seuls 5 registres sur les 11 sont actuellement consultables... dont un ne devrait plus l'être en raison de son mauvais état de conservation : voir l'inventaire. Inutile de revenir sur l'importance de ces registres, il n'y a qu'à se rappeler que la série NP, pour "Notaires Publics", avait fait partie des priorités du microfilmage dès 1973 à Aix-en-Provence. -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
La toute fraîche collectivité d'Outre-mer de Saint-Barthélemy prends les choses en main?La collectivité d'outre-mer de Saint-Barthélemy s'est officiellement substituée à la commune de Saint-Barthélemy, au département et à la région de la Guadeloupe le 15 juillet 2007; en application du code du patrimoine et du code général des collectivités territoriales, il lui incombait donc désormais d'assurer la conservation de ses archives mais aussi leur mise en valeur, dans un bâtiment ouvert au public. L'évocation d'un “bâtiment d'archives” à Saint-Barthélemy n'est pas nouvelle: en 1980 le Bulletin Municipal du mois de septembre présente en effet le projet d'un centre culturel dans l'ancienne ruine du Wall House, avec bibliothèque, musée et salle d'archives. « L'idée avait été lancé à maintes reprises, mais jamais aucun projet sérieux n'avait vu le jour » et il est ainsi prévu que « l'ancienne citerne sera transformée en salle d'archives. Elle sera climatisée de manière à assurer une conservation parfaite des documents. Toutes les archives concernant notre île et qui sont actuellement conservées en Guadeloupe regagneront ce musée. Enfin, des sanitaires seront installés sur place. (...) »; le texte rajoutant encore cette pensée visionnaire: « Nul n'ignore en effet que dans les années à venir le combat le plus violent auquel seront confrontés les peuples est celui de la culture »45… Le Wall House ne sera inauguré qu'en mai 1995, musée et bibliothèque, mais la salle d'archives passa finalement à la trappe. Puis voilà que subitement, début 2008, en pleine conscience de ses nouvelles compétences, la Collectivité de Saint-Barthélemy affecta à la réhabilitation du presbytère de Gustavia initiée en toute fin d'ère communale, «l'opportunité de créer une salle d'archives dans les soubassements du bâtiment principal» (délibération CE 2008-099). Ainsi donc, le presbytère de Gustavia, monument protégé inscrit à l'inventaire le 28 mars 2002, et qui avait déjà été rénové il y a un peu plus de vingt ans, abritera bientôt la salle d'archives de l'île de Saint-Barthélemy... mais que réserve t-on au juste au précieux Fonds Suédois de Saint-Barthélemy ? Si la nouvelle collectivité ne peut légalement revendiquer la propriété de ces archives, il serait fort souhaitable qu'elle fasse pression pour en obtenir des copies, le microfilmage intégral et la restauration, car c'est bien là que se trouve aujourd'hui la seule issue possible. Alors... rendez-vous dans 15 ans? Mais que de temps perdu et quel gâchis. Selon la description extrait du Tome III (Marine et Outre-mer) de l'État Général des Fonds édité en 1980 par les Archives Nationales: « Le fonds de Saint-Barthélemy est intéressant non seulement pour l'histoire de cette petite île, mais aussi pour celle des Antilles et celle de l'administration coloniale suédoise. » ... -----------------------------------------------------------------------------------------------Haut de page
C.L.A.S.H. île de Nantes. Mai 2008. Bibliographie (Fonds suédois de Saint-Barthélemy)
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